Lacigale et la fourmi (avec les explications des mots de vocabulaire) La Cigale, ayant chanté Tout l'Été, Se trouva fort dépourvue (démunie, sans ressource) Quand la bise (le vent froid) fut
fourmi diverses manipulations de la cigale et la fourmi » est un conte de fées Jean de la Fontaine, tout le monde le sait! Oui, mais ce n'est pas celui qui a inventé! Trouvez dans ce petit livre: la fable cellule, son histoire et le texte qui a inspiré Jean de la Fontaine. Une petite fable pour les enfants âgés de 7 ans. La CICADA, ayant une douce fille, a été
Lacigale et la fourmi de Jean de La fontaine Introduction: Le texte que nous allons étudier est "La Cigale et la Fourmi" de Jean de La Fontaine. La Fontaine est un célèbre fabuliste Français du XVIIe siècle. Ce texte est la premère fable du premier livre de son oeuvre Les Fables. Dans cette oeuvre La fontaine met en scène des animaux chargés d'une portée allégorique ayant pour but
Leprésent article vise à étudier la trajectoire de la fable La Cigale et la Fourmi dans la perspective bimédiale du texte et de l’image. Notre trajectoire commence par le fablier de
Unecigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. Les fourmis lui dirent : « Pourquoi, pendant l’été, n’amassais-tu pas, toi aussi, des provisions ? — Je n’en avais pas le temps, répondit la cigale : je chantais mélodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez : « Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en été, danse en hiver.
e7kn. La cigale et la fourmi » est le titre de l’une des plus célèbres fables de Jean de la Fontaine. Le moraliste classique y donne à voir deux attitudes opposées celle de la cigale et celle de la fourmi. Nous vous proposons d’abord le texte intégral du poème, à lire ou à télécharger pour l’imprimer. Puis, une analyse du texte et de la morale de cette fable. Enfin, en miroir, nous proposons le texte et une brève introduction à la parodie La cimaise et la fraction » de Raymond Queneau. La Cigale, ayant chanté Tout l’été,Se trouva fort dépourvueQuand la bise fut un seul petit morceauDe mouche ou de alla crier famineChez la Fourmi sa voisine,La priant de lui prêterQuelque grain pour subsisterJusqu’à la saison vous paierai, lui dit-elle,Avant l’août, foi d’animal,Intérêt et Fourmi n’est pas prêteuse ;C’est là son moindre faisiez-vous au temps chaud ?Dit-elle à cette et jour à tout venantJe chantais, ne vous chantiez ? j’en suis fort aise Et bien ! dansez maintenant. Jean de La Fontaine, Fables. Présentation de la fable la cigale et la fourmi » Introduction D’abord, c’est la première fable du premier recueil. D’ailleurs, il faut rappeler que le recueil est constitué de 124 fables, divisées en 6 livres. Il paraît en mars 1668. De plus, ce recueil est dédié au Dauphin, le fils de Louis XIV et de Marie-Thérèse, alors âgé de 6 ans et demi. Dès lors, ce livre de fable a une vocation édifiante. Par ailleurs, la dédicace est en prose, suivie de la Préface au lecteur, de la traduction libre de la Vie d’Esope ». La cigale et la fourmi » est justement inspirée d’une fable d’ Fontaine écrit »Ainsi ces fables sont un tableau où chacun de nous se trouve dépeint ». Or, nous allons le voir, il s’agit bien davantage d’anthropomorphisme que de précision d’entomologiste. Une fable fantaisiste Jean-Henri Fabre 1823-1915 dans ses Souvenirs entomologiques relève les erreurs du fabuliste. D’abord, en ce qui concerne la cigale. En effet, celle-ci ne dispose pour s’alimenter que d’un suçoir. Elle ne se nourrit ni de mouches ni de y a d’autres libertés prises par rapport au réel La cigale meurt à la fin de l’été. Elle ne peut donc crier famine quand la bise » la fourmi, qui dort en hiver dans sa fourmilière ne peut l’entendre. D’ailleurs, elle est carnivore? Elle n’amasse donc pas le grain. On le voit, La Fontaine ne cherche pas à faire preuve de réalisme, il s’efforce plutôt de créer un monde et des protagonistes à notre image. La cigale et la fourmi » morale Les premiers vers nous présentent le personnage de la cigale. Elle a profité de l’été, s’est amusée sans songer au lendemain. Elle n’a donc pas anticipé son avenir et se trouve sans l’inverse, la fourmi a travaillé dur et n’a pas gaspillé ses ressources. Elle se trouve donc en capacité d’affronter l’avenir si la fourmi refuse de prêter à la cigale c’est dans la logique de sa démarche de ne pas dépenser vainement. Le partage ne fait donc pas partie de son mode de morale est ici implicite la fourmi se refuse à venir en aide à la cigale qui se trouve prise au dépourvu. Elle la renvoie à son attitude frivole et cette fable est devenue si célèbre qu’elle a fait l’objet d’une parodie de Raymond Queneau, La cimaise et la fraction ». Nous ne résistons pas au plaisir de partager cette lecture avec toi LA CIMAISE ET LA FRACTION La cimaise ayant chaponnéTout l’éternueurSe tuba fort dépurativeQuand la bixacée fut verdie Pas un sexué pétrographique morioDe moufette ou de alla crocher frangeChez la fraction sa volcaniqueLa processionnant de lui primerQuelque gramen pour succomberJusqu’à la salanque nucléaire. Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,Avant l’apanage, folâtrerie d’Annamite !Interlocutoire et priodonte. »La fraction n’est pas prévisible C’est là son moléculaire défi. Que ferriez-vous au tendon cher ?Discorda-t-elle à cette énarthrose.– Nuncupation et joyau à tout vendeur,Je chaponnais, ne vous déploie.– Vous chaponniez ? J’en suis fort bien ! débagoulez maintenant. » Raymond Queneau, 1973. La cimaise et la fraction » explication D’abord, rappelons que Raymond Queneau appartient à l’Oulipo. Mais qu’est-ce que l’Oulipo? C’est l’ouvroir de littérature potentielle. C’est un groupe qui s’est créé au milieu du XXème siècle avec la volonté de tester les potentialités du langage. Pour ce faire, ils se donnent des contraintes qui force leur exemple, pour La cimaise et la fraction », Raymond Queneau a respecté la contrainte suivante Substantif-adjectif-verbe + 7. Autrement dit, il a suivi un modèle simple de construction syntaxique substantif c’est-à-dire nom commun+ adjectif+verbe. A cette première contrainte d’écriture, une seconde a été ajoutée prendre le septième mot du dictionnaire par rapport au mot employé dans la fable de La Fontaine. Ainsi, cimaise » est le septième mot du dictionnaire après le mot cigale ».L’Oulipo s’efforce de faire interagir les mathématiques avec la la cigale devient la cimaise » et la fourmi est une fraction » dans la réécriture de Queneau. Au fond, le sens de la fable est conservé car la cimaise correspond bien aux travers de la cigale dans la fable de La Fontaine. Elle incarne l’instabilité artistique et l’inconscience. Au contraire, la Fourmi est une fraction mathématique. On lui associe la rigueur et l’ordre. L’opposition entre les deux personnages » de la réécriture est ainsi le résultat montre bien que la démarche de l’Oulipo est tout à fait réussie. Effectivement, il faut se déprendre des habitudes pour faire émerger la plus, La cimaise et la fraction » est une réécriture amusante, humoristique, d’un texte patrimonial. Raymond Queneau montre ainsi une démarche de réappropriation d’une culture littéraire collective. Nous espérons que cette lecture de La cigale et la fourmi » a été plaisante. N’hésite pas à partager tes réflexions de lecteurs dans les commentaires. Pour aller plus loin tu seras peut-être intéressé par la lecture de fiches ou de textes complémentaires –Fiche sur le classicisme –Fiche biographique sur Jean de la Fontaine –Dissertation sur Les fables de La Fontaine + corrigé –Les fables PDF – Le corbeau et le renard » texte + analyse – Le lièvre et la tortue » texte + analyse – Les animaux malades de la peste » texte – Le Petit Poucet » de Charles Perrault texte+ résumé+ morale – La belle au bois dormant » histoire de Charles Perrault Navigation des articles
Pour les autres éditions de ce texte, voir La Cigale et les Fourmis. 336 LA CIGALE ET LES FOURMIS C’était en hiver ; leur grain étant mouillé, les fourmis le faisaient sécher. Une cigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. Les fourmis lui dirent Pourquoi, pendant l’été, n’amassais-tu pas, toi aussi, des provisions ? — Je n’en avais pas le temps, répondit la cigale je chantais mélodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en été, danse en hiver. » Cette fable montre qu’en toute affaire il faut se garder de la négligence, si l’on veut éviter le chagrin et le danger.
Uploaded byJelena Kremanac 100% found this document useful 2 votes2K views1 pageDescriptionAdaptation thêatrale pour les élèves de 12/13 ans. FLECopyright© Attribution Non-Commercial BY-NCAvailable FormatsDOC, PDF, TXT or read online from ScribdShare this documentDid you find this document useful?Is this content inappropriate?Report this Document100% found this document useful 2 votes2K views1 pageLa Cigale Et La Fourmi Adaptation ThêatraleUploaded byJelena Kremanac DescriptionAdaptation thêatrale pour les élèves de 12/13 ans. FLEFull description
Le pack d'activités pédagogiques pour jouer avec les fables ! Prochainement Fiche technique - - - min - min But du jeu Vous avez trois saisons pour collecter des vivres avant que l’hiver n’arrive !Ramassez le plus de provisions possible, mais attention à la Cigale qui pourrait venir crier famine à tout moment et piller vos réserves en un rien de temps ! Tu as le pack d’activités La Cigale et la Fourmi et tu veux écouter ton livre audio ? Munis-toi de ton mot de passe pour accéder à la page secrète ! BONUS à télécharger ! Coloriages Clique pour télécharger un lot de coloriages. Origamis Clique pour télécharger des modèles d'origamis. + de cartes ! Complète ton jeu avec ces cartes supplémentaires à imprimer.
La Fontaine, Fables, La cigale et la fourmi » Analyse au fil du texte Introduction Entre 1658 et 1661, La Fontaine était protégé par Nicolas Fouquet, le très riche surintendant des finances de Louis XIV. Mais ce protecteur tombe en disgrâce et il finira ses jours enfermé dans la forteresse de Pignerol. Du jour au lendemain, La Fontaine se retrouve comme la cigale, pris au dépourvu et comme elle, c'est un poète, pour ainsi dire, il chante des vers... Le nouvel intendant des finances, c'est Colbert, qui est tout à fait comme la fourmi de la fable, économe et pragmatique. Et maintenant, c'est lui qui accorde les pensions royales aux artistes et aux écrivains, du coup, c'est lui qu'il faut se concilier… Mais La Fontaine restera toujours suspect aux yeux de Louis XIV, et il n'obtiendra jamais de pension royale. Ce contexte permet de mieux percevoir l'ambiguïté de cette fable les animaux en disent beaucoup plus sur la société humaine qu'une simple opposition entre les épargnants et les artistes ! Sous Louis XIV, les nobles doivent se faire courtisans, il sont obligés de dépenser des fortunes pour maintenir leur train de vie à Versailles. Pendant ce temps, le pays connaît une petite ère glaciaire et les hivers sont de plus en plus rudes on trouve de plus en plus de mendiants sur les routes, au point que le roi signe des décrets pour faire enfermer les vagabonds. En même temps, les guerres imposent des réquisitions de plus importantes et appauvrissent les campagnes. Quand La Fontaine valorise la prévoyance à travers la fourmi, on voit bien que cette recommandation s'applique à tous les niveaux de la société. Problématique Comment La Fontaine parvient-il à impliquer son lecteur dans ce conflit entre deux animaux, pour mieux l'inviter à interroger une morale ambiguë, qui en dit long sur la société humaine ? Axes de lecture pour un commentaire composé > Un art du récit incisif, qui impressionne et implique le lecteur. > Un art musical qui rapproche la poésie du chant. > Une réécriture de la fable d'Ésope, avec des écarts qui révèlent certains partis pris de l'auteur. > Une morale implicite et ambiguë, qui peut se lire à différents niveaux. > Des choix d'écriture qui révèlent une certaine empathie à l'égard de la cigale. > Une mise en scène plaisante d'animaux comme prétexte pour parler des hommes. > Un discours moral sur la société du XVIIe siècle en France. > Un message à portée universelle, qui sollicite le sens critique du lecteur. Premier mouvement Une cigale présentée avec art La cigale, ayant chanté Tout l’été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau. Dès les premiers vers, la fable frappe les esprits elle est entièrement en heptasyllabes des vers de 7 syllabes. C’est très rare au XVIIe siècle, où tous les genres sont codifiés, notamment la tragédie toujours rédigée en alexandrins. La Fontaine trouve donc une certaine liberté dans la fable, qui va lui permettre de varier les manières de raconter des histoires Il était un génie très libre, très indépendant [...] aimant ses coudées franches dans le genre qu'il adopterait. [...] Dans ce siècle où [...] tous les genres étaient comme soumis aux faiseurs de règles [...] La fable [offrait] un cadre assez élastique [...] il n'y a pas de règles de la fable. Émile Faguet, La Fontaine, 1887. Ok, il n’y a pas beaucoup de règles dans la fable, mais il faut au moins suivre le premier précepte d’Horace instruire et plaire. On va voir que quand La Fontaine prend des libertés avec l'écriture, c'est pour mieux suivre ce précepte. Pour instruire, sois concis ; l’esprit reçoit avec docilité et retient fidèlement un court précepte ; s’il est trop long, il laisse échapper tout ce qu’il a reçu de trop. La fiction, imaginée pour amuser, doit, le plus possible, se rapprocher de la vérité ; [...] il obtient tous les suffrages celui qui unit l’utile à l’agréable, et plaît et instruit en même temps... Horace, Poétique, traduction de François Richard, 1944. Le deuxième vers est carrément un trisyllabe qui met en valeur la rime en -té » on peut dire que la musicalité du vers imite le chant de la cigale. D’ailleurs, on va retrouver cette rime en -té » un peu plus loin quand la cigale va reprendre la parole. Chez La Fontaine, la Fable est avant tout un art musical. C’est aussi une tournure exceptionnellement concise le participe présent ayant chanté » suffit à inscrire l’été dans la durée, avec le déterminant tout l’été ». On dirait que le vers est prolongé exprès pour donner à percevoir la longueur et la langueur de l’été. Vous allez voir que tous ces effets sonores et rythmiques participent à l’art du récit chez La Fontaine. La concision participe à un rythme rapide le passage de l’été à l’hiver se fait dans la même phrase, qui se prolonge d’un vers à l’autre c’est ce qu’on appelle un enjambement. Avec le complément circonstanciel de temps qui est reporté à la fin de la phrase, le lecteur est surpris par l’arrivée de l’hiver, un peu comme la cigale elle-même. L’hiver est désigné indirectement par la bise un vent froid, sec et rapide… C’est une métonymie, un glissement de sens par proximité. Cela crée un effet de mouvement la succession des saisons, la sensation de froid arrivent avec le verbe venir qui souligne les fricatives F et V . Le retour d’un son consonne, c’est ce qu’on appelle une allitération. L’adjectif dépourvu » indique déjà un dénuement extrême avec le préfixe privatif du coup, l’adverbe d’intensité est de trop ici, c’est un pléonasme, la répétition d’une même idée. En fait, ça permet à La Fontaine de créer une hyperbole, un effet d’exagération. Le dénuement de la cigale est total. D’ailleurs, on entend bien nue » à la rime ce jeu sonore justifie bien la rime pauvre un seul son en commun la musicalité du vers illustre parfaitement la pauvreté de la cigale. D’ailleurs, tout est fait pour nous faire partager la détresse de la cigale ici un morceau, c’est un débris, un reste. Un petit morceau, c’est encore moins que ça, une miette. Une miette de quoi ? d’une mouche, voire même d’un vermisseau, avec le diminutif qui réduit encore la portion. En plus, le morceau est séparé de son complément du nom, comme s’il était lui-même disloqué. Et de toutes les façons, la négation vient tout annuler, c’est une phrase nominale, une phrase sans verbe, ce qui accentue la brutalité de la négation. Vous savez certainement que pour cette fable, comme pour beaucoup d’autres, La Fontaine s’inspire d’un auteur de l’antiquité, Ésope, qui écrivait en grec vers le VIe siècle avant C’est donc intéressant de jeter un coup d’oeil à la version originale, qui commence comme ça C’était en hiver ; leur grain étant mouillé, les fourmis le faisaient sécher. Une cigale qui avait faim leur demanda de quoi manger. Première grosse différence Ésope commence avec les fourmis, tandis que La Fontaine commence avec la cigale qui meurt de faim il renverse complètement le point de vue de départ. Autre différence dans la fable d’Ésope, la cigale est indéfinie, alors que chez La Fontaine, le premier mot de la fable est un article défini cette cigale a une importance particulière aux yeux du fabuliste, elle prend une dimension symbolique beaucoup plus complexe que chez Ésope, vous allez voir comment. D’abord, c’est intéressant d’interroger la représentation des animaux chez La Fontaine. Quand il dit que la cigale chante », c’est déjà une personnification il lui donne un caractère humain. Un zoologue dirait que la cigale cymbalise. La crainte de l’hiver est aussi une crainte humaine en réalité, chaque génération de cigale disparaît naturellement à la fin de l’été en laissant des œufs dans la terre. On a donc une cigale humanisée dans la fable. Et pourtant, c’est une cigale qui mange des mouches et des vermisseaux on est loin d’une nourriture humaine ! Mais on est loin aussi du régime des cigales, qui se nourrissent de la sève des arbres ! La Fontaine le sait parfaitement son père était maître des eaux et forêts, et il a lui-même a repris cette charge pendant plusieurs années. Il ne fait donc un détour par les animaux que pour parler des hommes. Qu’est-ce que cela évoque, pour un contemporain, cette cigale sur le point de mourir de froid ? Au XVIIe siècle, la France est frappée par une petite ère glaciaire, les hivers sont particulièrement rudes. En plus, Louis XIV réquisitionne de grandes quantités de vivres pour augmenter la taille de ses armées. Ainsi, cette cigale imprévoyante peut représenter une nation entière, un pays appauvri par l’imprévoyance de son roi. Les fables de La Fontaine parlent à tout le monde, mais elles parlent aussi au roi. Deuxième mouvement Un regard de moraliste Elle alla crier famine Chez la fourmi, sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu’à la saison nouvelle. — Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l’oût, foi d’animal, Intérêt et principal. La Fontaine choisit les verbes de paroles de la cigale avec soin prier », crier », avec les allitérations en P et en R qui entrent en écho avec les autres verbes du passage prêter … payer ». Tout se passe comme si la cigale adressait une complainte lyrique à la fourmi elle exprime une douleur personnelle de manière musicale, à la première personne. Comme La Fontaine, elle utilise les ressources de la poésie. Regardez comment la parole de la cigale se rapproche du lecteur. D’abord, on a du discours narrativisé un verbe de parole, crier famine » sans paroles rapportées. Ensuite, on a du discours rapporté indirect les paroles sont adaptées mais on peut les restituer prêtez moi quelque grain pour subsister ». En plus à ce moment-là, on retrouve les rimes en -té » qui se trouvaient au tout début de la fable. Cela nous fait entendre la cigale un peu plus. Enfin, le discours est direct il est rapporté tel quel, avec une ponctuation qui annonce bien la citation. Le fabuliste nous fait entrer progressivement dans le point de vue de la cigale. Mais le discours direct intervient là, non pas pour évoquer des émotions, mais pour parler d’argent. La Fontaine fait un détour par les animaux, pour mieux nous replonger dans le monde des humains, avec un vocabulaire propre aux finances intérêt, principal. C’est particulièrement frappant, parce que cette allusion à un remboursement n’existe pas du tout dans la version d’Ésope, et elle peut sembler un peu étrange. En effet, à l’époque, on rapproche volontiers la fonction morale de la fable à celle de la parabole, comme on en trouve dans la bible. Vous savez que la France du XVIIe siècle est très imprégnée de morale chrétienne... Du coup, quand La Fontaine montre la cigale faire un emprunt au lieu de demander la charité, c’est très étrange. Normalement, le mendiant dit à votre bon cœur, Dieu vous le rendra » et pas je vous paierai intérêt et principal. » Avec cet effet de surprise, vous voyez que la question de la charité brille par son absence. D’autant que La Fontaine choisit des mots qui font allusion à la religion la cigale prie » la fourmi… sa voisine ». On est très proche de la parabole du bon samaritain que Jésus donne en exemple pour illustrer l’amour du prochain, et donc, de son voisin. D’ailleurs, un grain » à l’échelle de l’insecte, autant dire que c’est un morceau de pain — qui est sous forme de boule à l’époque c’est de là que vient le terme de boulangerie. Le pain quotidien accordé aux nécessiteux, c’est évidemment un lieu commun de la morale chrétienne présente dans tous les esprits. En plus, la mendicité est bien un sujet d’actualité à l’époque où écrit La Fontaine. Entre 1656 et 1672, la pauvreté est tellement répandue que Louis XIV publie une série de décrets pour punir les vagabonds, qui sont soit enfermés, soit envoyés aux travaux forcés, soit simplement mis à mort. En abordant ces thèmes graves, avec des symboles universels, La Fontaine critique indirectement le pouvoir et la société de son époque. En même temps, quand il remplace la question de la charité par celle de l’emprunt, La Fontaine ne donne raison à aucun de ses protagonistes. D’abord, la cigale semble peu digne de confiance. Elle utilise un futur Je vous paierai », elle repousse l’échéance Avant l’oût », c’est à dire, avant les moissons, qui est en plus rejeté en fin de phrase après un enjambement. La succession des saisons, avec le rythme des récoltes, porte une signification universelle. Il me parut que le livre des Fables était, pour la vie morale, ce que sont, pour l'existence matérielle, certains almanachs fort répandus dans nos campagnes, qui donnent pour les travaux des champs, pour l'élevage du bétail, etc., un conseil pour chaque jour de l'année. Marius Guinat, La Morale des Fables de La Fontaine, 1886. Pour La Fontaine, ce n’est clairement pas une bonne idée de s’endetter, ni pour une cigale, ni pour un humain, ni pour un État. Et bien sûr, on peut voir derrière cette cigale dispendieuse, les fastes de la cour à Versailles qui sont bien éloignés de la sagesse des campagnes. Mais en même temps, la cigale reste humble, elle promet de rendre ce qu’elle emprunte. Elle demande très peu Quelque grain ». L’article indéfini introduit un nom singulier un seul grain, qui lui permettra de subsister sur une longue période jusqu’à la saison nouvelle ». La Fontaine joue sans cesse avec les deux points de vue, celle qui emprunte, et celle qui prête. Le mot subsister » est particulièrement évocateur, d’un point de vue étymologique il provient du latin sisto se tenir, tenir bon, consolider, mais le préfixe sub- » vient réduire et soustraire. La cigale demande seulement le minimum pour survivre avec peine. Enfin, l’expression foi d’animal » est particulièrement ambiguë. On peut l’interpréter à charge, en disant, avec le philosophe René Descartes, que l’animal n’a pas d’âme du coup la cigale jure sans prendre le risque de la damnation éternelle. Il n’y a pas [d’erreur] qui éloigne davantage les esprits faibles [...] de la vertu, que d’imaginer que l’âme des bêtes soit de même nature que la nôtre, et que par conséquent nous n’avons rien ni à craindre ni à espérer après cette vie, non plus que les mouches et les fourmis. René Descartes, Discours de la méthode, 1637. Mais on sait que justement, La Fontaine était opposé à cette vision de Descartes, qu’il réfute dans son Discours à Madame de la Sablière », où il réhabilite l'animal, en montrant notamment l’intelligence des constructions des castors [...] Ils disent donc Que la bête est une machine ; Qu'en elle tout se fait sans choix et par ressorts Nul sentiment, point d'âme, en elle tout est corps. [...] Voici de la façon que Descartes l'expose ; [...] Que [les] Castors ne soient qu'un corps vide d'esprit, Jamais on ne pourra m'obliger à le croire ; Jean de La Fontaine, Discours à Madame de la Sablière, 1678. Pour La Fontaine, la foi de l’animal n'est donc pas si sujette à caution… La cigale compte-t-elle rembourser la fourmi ? Il suffit de savoir que les deux sont voisines. Malgré tout, La Fontaine semble avoir une certaine sympathie pour la cigale. Troisième mouvement Une fable nuancée et ambiguë La fourmi n’est pas prêteuse C’est là son moindre défaut. — Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. — Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. — Vous chantiez, j’en suis fort aise ! Eh bien, dansez maintenant. La fable se termine avec un dialogue très vif Les incises disparaissent pour laisser la place uniquement aux répliques, qui s’enchaînent rapidement au théâtre, on parle de stichomythies. En plus, l’alternance des pronoms personnels de première et deuxième personne crée un rythme très vivant le lecteur qui assiste à la scène voit les personnages s’animer devant lui. Les deux personnages s’expriment très différemment. La cigale montre un certain savoir vivre elle prie » la fourmi, avec des formules de politesse ne vous déplaise ». Malgré sa situation de mendicité, l’attitude mesurée de la cigale est plus proche de l’idéal de l’honnête homme tel qu’on le valorise à la cour. La fourmi est à l’opposé de ces attentes. D’abord, elle emploie l’impératif et le sarcasme un reproche fait de manière ironique. Sans préambule, elle pose une question dont elle connaît d’avance la réponse, une question rhétorique qui empêche de fait tout échange. Pour les lecteurs de La Fontaine, qui vivaient quotidiennement sous l’étiquette de la cour, cette rudesse était très bourgeoise la fourmi ne pouvait pas attirer la sympathie. Le conflit entre les personnages se retrouve dans le schéma des rimes jusqu’ici, l’histoire se déroulait avec des rimes suivies, mais on passe aux rimes embrassées. Les rimes féminines celles qui se terminent avec un -e muet se trouvent finalement entourées par les rimes masculines symboliquement, le piège se referme sur la cigale. Son sort final correspond alors à des sonorités nasales, IN, AN, IN, AN, désagréables à l’oreille du lecteur. Prêteuse » rime avec emprunteuse » les deux mots sont très proches, on peut parler de paronomase avec cette proximité sonore, La Fontaine englobe les deux animaux dans la même critique l’endettement n’est pas une solution. Il faut savoir qu’à l’époque, prêter de l’argent contre intérêt, c’est ce qu’on appelle l’usure c’était très mal vu, et considéré comme un péché dans la religion chrétienne, très présente au XVIIe siècle. Donc, La fourmi n’est pas prêteuse » ce serait une qualité ? On ne peut pas dire ça, parce que si le prêt est mal vu, c’est justement parce qu’il ne saurait remplacer la charité… Ici, le fabuliste intervient de manière exceptionnelle, comme en voix off, pour faire un jugement de valeur c’est là son moindre défaut ». Comment comprendre ce vers ? Je vois 2 possibilités. Soit on l’interprète littéralement ce n’est qu’un tout petit défaut, après tout », soit on l’interprète comme une litote une double négation qui renforce le propos c’est là sa plus grande qualité ». Dans les deux cas, vous voyez que la formule est ironique elle laisse entendre l’inverse de ce qu’elle dit. Il est serait hypocrite de se considérer comme vertueux pour cette raison. Le vrai défaut est de manquer du sens de la charité, de n’être pas un mécène des arts comme Fouquet. La Fontaine adresse peut-être là un message trop ambigu à Colbert, qui ne lui accordera jamais de pension. Le verbe chanter » est répété sous des formes différentes par les deux protagonistes, c’est ce qu’on appelle un polyptote. On voit bien que les deux personnages mettent un sens différent sous le même verbe. Pour la cigale, chanter » c’est une activité noble, désintéressée, un cadeau qui profite à tout le monde. Pour la fourmi, ce n’est qu’une activité oisive et improductive. À tout venant » signifie pour toutes les personnes qui passent ». Et en effet, si la cigale ne gagne rien avec son chant, c’est qu’elle le dispense gracieusement. Nuit et jour » elle ne ne compte pas. Rien qu’avec ce vers, La Fontaine montre bien l’ambivalence morale de sa petite histoire la cigale est beaucoup plus proche des valeurs de la noblesse de l’époque, qui justement n’exerce pas de métiers rémunérateurs. D’ailleurs, la relation de La Fontaine avec son protecteur Fouquet était assez représentative de cet état d’esprit dans leur contrat, ce n’est pas Fouquet qui paye ses vers. Non, La Fontaine donne une pension poétique » à son mécène, pour le récompenser de son mérite », et donc pas officiellement pour sa protection Je vous l'avoue, et c'est la vérité, Que Monseigneur n'a que trop mérité La pension qu'il veut que je lui donne. En bonne foi je ne sache personne À qui Phébus s'engageât aujourd'hui De la donner plus volontiers qu'à lui. La Fontaine, Épître à Fouquet, 1659. Maintenant, si on regarde la version d’Ésope, on se rend compte que La Fontaine a supprimé la morale, regardez Les fourmis lui dirent Pourquoi, pendant l’été, n’amassais-tu pas, toi aussi, des provisions ? — Je n’en avais pas le temps, répondit la cigale je chantais mélodieusement. » Les fourmis lui rirent au nez Eh bien ! dirent-elles, si tu chantais en été, danse en hiver. » Cette fable montre qu’en toute affaire il faut se garder de la négligence, si l’on veut éviter le chagrin et le danger. Si La Fontaine supprime la morale d’Ésope, c’est pour mieux laisser au lecteur le soin de tirer ses propres leçons, il ouvre le champ des interprétations. Il ne prend pas position explicitement. Du coup, c’est le mot d’esprit des fourmis qui constitue la chute de la fable Hé bien, dansez maintenant » ; on est loin d’une morale canonique. On pourrait même dire que c’est une anti-morale, regardez. D’abord, elle commence sur une interjection, qui contraste avec la forme habituelle des morales et des maximes. Ensuite, la dimension universelle est remplacée par un complément circonstanciel très marqué maintenant ». Enfin, le présent de vérité générale est remplacé par l’impératif. Le souci d’instruire et de plaire du moraliste est remplacé par un jeu de mot assassin. Dans ce dernier vers, chanter » devient danser ». C’était une image courante à l’époque danser » était utilisé pour parler des pendus, ou même des suppliciés sur la roue. C’est d’ailleurs le sens caché de la chanson Jean petit qui danse », qui est torturé de sa main, de son pied, etc. Ici, danser vient à la place de mourir de faim et de froid, la métaphore représente les mouvements rythmiques des spasmes de l’agonie. Cette fable de La Cigale et la Fourmi » se trouve juste avant Le corbeau et le renard » si la pitié inspirée par la cigale n’aura servi à rien, la flatterie du renard sera plus efficace… Mais est-ce que pour autant La Fontaine encourage les courtisans à flatter le roi pour obtenir des faveurs ? On voit bien déjà que, loin de prescrire des comportements systématiques, La Fontaine invite son lecteur à utiliser sa sensibilité et son esprit critique pour mieux se guider dans le monde des humains, qui est parfois plus cruel que le monde des animaux. Conclusion La Fontaine utilise toutes les ressources du récit et la musicalité du vers pour impliquer son lecteur, et marquer les esprits. Il part de la fable d'Ésope, mais il apporte tout un soin à l'écriture pour mieux instruire et plaire. Derrière la morale apparente, qui valorise la prévoyance de la fourmi, contre la négligence de la cigale ; on trouve plusieurs dissonances. Le fabuliste montre une certaine bienveillance à l'égard de la cigale, et rend la morale suffisamment implicite pour obliger le lecteur à chercher plus loin. Et en effet, à travers cette mise en scène des animaux, La Fontaine ne s'adresse pas tant aux petits épargnants et aux artistes, qu'au roi lui-même et à ses ministres. En obligeant son lecteur à confronter cette petite histoire avec la société réelle, La Fontaine donne à la fable une dimension profondément humaine et universelle. ⇨ La Fontaine, Les Fables - La Cigale et la Fourmi texte ⇨ La Fontaine, Les Fables 🃏 La Cigale et la Fourmi axes de lecture ⇨ La Fontaine, Fables 🎧 La Cigale et la Fourmi podcast ⇨ Les Fables de La Fontaine - 🔎 I,1 La Cigale et la Fourmi analyse en PDF ⇨ La Fontaine, Les Fables ✔️ La Cigale et la Fourmi guide pour un commentaire composé
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